Le Champagne redémarre

Aurait-on enterré le Champagne un peu vite, balancé la boisson de la fête avec l’eau de vaisselle de la crise, si vous me passez cette métaphore boîteuse?

Et quand je dis « on », je m’inclus dans le « on », car j’ai médit des Champagnes, l’an passé, je vous le confesse. En voyant les ventes chuter, et les prix avec elles, je me suis pris à rêver d’un Champagne, peut-être pas démocratique (ne soyons pas vulgaires), mais au moins abordable.

Est-ce parce que les prix ont plongé, justement? Ou est-ce parce que le consommateur mondial ne veut pas se priver trop longtemps de ses bulles festives? Toujours est-il que les expéditions du nectar champenois au premier trimestre 2017 sont en hausse de 17% par rapport au même trimestre de 2016.

Le porte-parole du CIVC, qui avait mal à la nuque à force de faire le gros dos, ces derniers mois, peut enfin redresser la tête: « C’est le sixième mois consécutif de hausse des expéditions ». Et dire qu’il y a 6 mois, en septembre 2016,  la Champagne annonçait des ventes en baisse de -19% par rapport au même mois de 2015!

Mais comment expliquer ce retournement de tendance?

Il semble que la Champagne récolte le fruit de ses efforts en matière de grande exportation, tout d’abord; les marchés extra-européens sont en très forte hausse: +57% sur le trimestre, et même +112% au mois de mars, par rapport au même mois de 2009.

Mais l’Europe aussi redémarre, avec une hausse de 25%. Voila qu’on se remet à y buller luxueux – Cava et Prosecco n’ont donc pas pris définitivement l’ascendant sur le Vieux Continent. Certes, le gros marché français est moins bien orienté (+5%), mais c’est aussi celui qui s’était le mieux tenu l’an dernier, grâce au discount forcené opéré en Grandes Surfaces.

Cette embellie ne concerne pas tout le monde, cependant, dans la belle famille champenoise; alors que les Maisons de négoce ont le sourire (leurs ventes ont redécollé de 26% sur le premier trimestre), les caves particulières, elles, faute de réseaux de distribution et de marques aussi performants, ont vu leur chiffre d’affaires baisser de 8%.

Voila, vous savez tout. Ca s’arrose. Une flute de Crémant du Jura? Il faudra que je vous en reparle, mais c’est pour une prochaine fois…